Des blancs comme les autres
Dans un contexte où le combat antiraciste revient sur le devant la scène, la lutte contre l’antisémitisme semble être restée en marge. Pire, l’extrême droite, vecteur historique et premier de cette vieille haine, ose même prétendre être le chantre de la « défense » des Juifs.
C’est oublier que les Juifs ne sont pas « blancs » au sens sociologique du terme. Comme les autres racismes, il fait système : du cliché sur des traits physiques ou moraux, à l’insulte, jusqu’au meurtre, il y a un continuum. L’antisémitisme est un racisme, mais pourquoi n’est-il pas considéré comme tel au sein des luttes antiracistes ?
Illana Weizman s’attache à en décrypter les raisons en partant de sa propre expérience : l’idée que les Juifs sont privilégiés (cliché antisémite s’il en est), la mise en compétition des différentes minorités, la confusion avec l’antisionisme… Et si les milieux de gauche ne sont pas intrinsèquement antisémites, leur complaisance laisse le terrain à des discours stigmatisant en particulier les Noirs et les Arabes, leur faisant porter le chapeau de l’antisémitisme contemporain. Reconnaître ces biais relève de la décence, mais également de l’efficacité. Si toutes les luttes antiracistes ne convergent pas, nous en sortons tous perdants. Car, rappelle l’autrice avec Franz Fanon : « Quand vous entendez dire du mal des juifs, dressez l’oreille : on parle de vous.