De la lecture à l'écriture
L'acte d'écrire s'accompagne de celui de lire, deux passions qui s'épousent étroitement. Déjà dans Doubler le cap (le Seuil, 2007), recueil d'entretiens et d'essais, J. M. Coetzee évoquait les lectures qui sous-tendaient la genèse de ses livres.
Avec ce recueil de chroniques littéraires publiées pour la plupart dans le New York Review of Books entre 2000 et 2005, Coetzee montre les "mécanismes internes" à l'œuvre dans l'acte de création. Dans ce volume, qui nous mène d'Europe centrale (avec I. Svevo, R. Walser, R. Musil, W. Benjamin, B. Schulz, J. Roth, Sándor Márai, Paul Celan, tous auteurs de la Mitteleuropa - mosaïque linguistique et culturelle qui s'épanouit au lendemain de la Première Guerre mondiale et connut ensuite les régimes totalitaires et l'horreur de la Shoah - ou avec Günter Grass et W. G. Sebald) aux Amériques (Walt Whitman, W. Faulkner, S. Bellow, Philip Roth, G. Garcia Marquez, V. S. Naipaul), du Japon en Afrique Australe (Nadine Gordimer), Coetzee met en évidence l'importance du contexte historique, politique et culturel dans lequel chacun des écrivains qu'il nous présente a composé son œuvre.
C'est "la relation de l'art et de la politique, la parenté entre l'esthétique et l'érotique, la responsabilité de l'écrivain et le potentiel éthique de l'art romanesque" qui est au cœur de sa démarche. Sans jamais recourir au jargon de la critique moderne, Coetzee nous fait découvrir des aspects cachés de l'œuvre de ces auteurs, célèbres et moins célèbres.