Dans la splendeur des lis
La splendeur des lis pourrait bien cacher de vénéneux effluves, à l'image de cette Amérique dont on suit les évolutions de 1910 à 1990 à travers une saga familiale.
Le fondateur de la lignée, Clarence Wilmot, pasteur presbytérien du New Jersey, perd la foi le jour où D.W Griffith tourne, non loin de chez lui, un film avec Mary Pickford. Pour combler le vide de sa vie brisée, sans argent ni espoir, il s'abrutira des outrances burlesques du cinéma muet.
Marqué par ce drame, son fils ne jure que par la modestie et la stabilité de son travail de facteur dans le Delaware.
Sa petite-fille mettra toute son énergie à quitter cet univers provincial pour entrer dans le monde scintillant du cinéma, qui deviendra son unique réalité.
Et son arrière-petit-fils, le fils de la star, perdu dans un Hollywood suffoquant sous la pléthore de ses images, s'accrochera au premier qui lui proposera quelque chose de ressemblant, de très loin, à la foi.
La boucle n'est pas bouclée. Elle tourbillonne en une spirale qui avale les aspirations les plus contradictoires des États-Unis. Updike enserre tout- des grèves des ouvriers du textile aux succès de la Columbia, de la rigueur intellectuelle d'un pasteur aux folies sanguinaires d'un gourou, de l'influence de Darwin à celle des séries télévisées- dans un style souple, divers, qui a l'ampleur et la brillance d'un film en Technicolor sur grand écran.