Au tout début du monde, les hommes ne mourraient pas. Ils vieillissaient puis redevenaient des enfants. La Mort existait, mais elle se tenait à l’écart des vivants, trop occupée à se constituer un trésor qui faisait sa fierté.

Le jour où Anansi l’araignée, père de nombreuses bouches à nourrir, lui déroba ses richesses, elle rentra dans une rage folle et décida de le traquer jusqu’à ce qu’elle ait récupéré son bien. À chaque fois qu’elle le rattrapait, la Mort émettait un sifflement strident, qui tuait tous ceux qui tentaient de protéger Anansi. Mais l’araignée, elle, arrivait toujours à s’enfuir in extremis, ce qui mettait la Mort dans une rage folle. Lassé de fuir sans cesse, Anansi l’araignée alla chercher de l’aide auprès d’un Marabout : ce dernier lui recommanda d’affronter la Mort en imitant son sifflement avant qu’elle ne puisse ouvrir la bouche. Anansi s’exécuta et parvint ainsi à tuer la Mort. Mais, alors qu’il versait un peu d’eau de vie sur les cadavres de ceux qui avaient été tués par sa faute pour leur rendre la vie, il éclaboussa le cadavre de la Mort, qui ressuscita aussitôt.

Depuis, Anansi tisse sans fin, jour et nuit, pour oublier qu’il a la Mort aux trousses… Elle n’a toujours pas attrapé Anansi l’araignée, mais, toujours à sa recherche, elle fauche les hommes dans sa colère.