Calypso
Quand il écrit pour Anne Baltus, Benoît Peeters crée des personnages qu'on dirait posés à côté de leur vie. On se souvient de Georges Leterrier, l'architecte maquettiste de Dolorès, premier album de ces deux auteurs.
Delphine et Laurent, héros de ce nouveau roman, semblent eux aussi flotter à la surface de la réalité, comme incapables d'y pénétrer. Violoniste de grand talent, le premier nourrit un attachement étrange pour la piscine dont il a en principe provisoirement accepté la direction.
Delphine, elle, s'éprend d'un fantôme plutôt que de répondre à l'amour de Laurent. Deux êtres se croisent sans vraiment se rencontrer, chacun poursuivant sa chimère. L'un et l'autre finiront par s'absenter définitivement, les flots se refermeront sur eux sans remous.
Mis en images d'un trait léger, dans des couleurs subtiles, Calypso a la grâce de ces personnages fragiles que la vie ne sait pas retenir.