Cette anthologie est avant tout oeuvre d'amour et de foi. Je n'ai cité aucun poète, aucun poème, dont je ne suis intimement persuadé qu'ils relevaient de la poésie. S'il m'arrive - cela m'est souvent arrivé - d'attire l'attention sur un poète oublié, ou de porter l'accent sur quelque oeuvre peu familière d'un poète célèbre, ce n'est point pour le facile plaisir de piquer la curiosité, mais pour signaler une richesse que nous avions négligée.

La poésie, et la poésie française elle-même dans ce qu'elle peut avoir de particulier, ne se ramène pas à une école ni à une tradition, si glorieuses qu'elles soient. Elle ne se réduit ni à la beauté oratoire, ni à la puissance d'inquantation, ni à la splendeur de l'image, ni à la profondeur de la pensée, ni à la nouveauté et à la force des sentiments qu'elle exprime. Tel de ces caractères, selon l'époque, peut prédominer en notre poésie ; mais c'est peut-être sa souveraine vertu que de s'être prêtée tour à tour à chacun d'eux, les unissant, à ses plus hautes heures, dans un équilibre quasi miraculeux.

Il n'est aucune tentation qu'elle ait ignorée, aucune ambition qu'elle n'ait voulu réaliser. Et de presque toutes ses tentatives, on peut dire qu'elle les a portées jusqu'à un point extrême."

M.A.