Albert et les autres
On se souvient encore de l'ovni "Aline et les autres", abécédaire muet mettant en situation une vingt-sizaine de femmes dans des saynètes improbables: tantôt comiques, tantôt tragiques, toujours pas très loin du fantasme et de la psychanalyse.
Par souci de parité, et sur le même principe, Delisle s'est fendu cette fois d'un répertoire masculin de Albert à Zoltan. Si son parti pris a changé, son regard, lui, est resté acerbe comme au premier jour. Les hommes en prennent autant pour leur grade que les femmes: pitoyables, immatures, pauvres cloches d'êtres humains, ils se démènent tant bien que mal pour sauver les apparences. Il faut dire que les femmes leur en font voir de toutes les couleurs lorsqu'elles ne sont pas victimes de leur goujaterie. Bon an mal an, c'est surtout le hasard quqi gouverne ce petit monde.
On sent bien que Delisle règle des comptes, même s'il s'amuse avant tout d'un comique de situation qu'il sait étirer jusqu'à l'absurde. Sa connaissance du dessin animé lui permet d'en utiliser les ficelles: on ne peut s'empêcher de voir ses vignettes s'aligner, un peu comme dans un vieux films muet; l'impression sépia et bleu-gris renforçant ce côté, où ne manquerait que la bande son pour parfaire le tableau.