Mon livre surprise
suivi de 'Lettres anonymes au Roi' et oeuvres diverses
Textes choisis, établis et présentés par Yves Coirault
Dans ce second volume, de nouveaux textes extraits des Mémoires sont regroupés selon un ordre thématique : personnages et figurants, anecdotes, conceptions et action de Saint-Simon politique. Une quatrième partie, qui sera, pour beaucoup, une révélation, donne les "textes hors Mémoires" : les projets de gouvernement du duc de Bourgogne, dauphin, la magnifique et longue "Lettre anonyme au Roi" (1712) sur les malheurs du règne, divers "personnages et anecdotes" par l'auteur, une "postface testamentaires" (août 1753).
Un formidable et nécessaire appareil critique complète ces textes, en faisant revivre toute l'histoire de Louis XIV et de la Régence. On aura ainsi, en deux volumes qui dépasseront mille pages, sinon l'essentiel de Saint-Simon, du moins un Saint-Simon essentiel : varié, concret ou abstrait, portraitiste ou philosophe, mais toujours merveilleux écrivain.
========================================
Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon, fut l'un des favoris de la cour de Louis XIV. Grand seigneur, il eut le privilège de loger à Versailles et d'y observer les intrigues de palais. Durant plus de trente ans, Saint-Simon va être l'historiographe du roi et de la cour. Ses Mémoires, oeuvre colossale de plusieurs milliers de pages, ne sont pas une entreprise autobiographique, il s'agit en fait d'une gigantesque fresque historiographique. Le titre des Mémoires est trompeur. Saint-Simon en avertit son lecteur: "Je ne parle pas du coeur, dont ce n'est pas ici le lieu. (...) Ces Mémoires ne sont pas faits pour y parler de moi." Il précise : "J'écris une histoire particulière (...) celle du temps et du pays où on vit." Une histoire donc et non une autobiographie : les Mémoires sont rédigés à la première personne, mais une personne se postant discrète et anonyme, comme une caméra cachée, dans les couloirs de Versailles et les allées de son jardin. De là, on assiste, spectateur comblé, voyeur patenté, au défilé impressionnant des courtisans intéressés et aux tableaux vivants des gens de cour. À la mort du Grand Dauphin en 1712, Saint-Simon se plaît à "croquer" tout ce beau monde qui "méditait profondément aux suites d'un événement si peu attendu, et bien davantage sur eux-mêmes". Tels sont les Mémoires de Saint-Simon, drôles, vivants, scrutateurs, une somme incomparable sur les moeurs politiques du temps que renferme un traité de morale caustique sur la fatuité éternelle de l'homme. --Denis Gombert