Mon livre surprise
Terre lointaine
Troisième volet de son autobiographie, Julien Green continue le récit de sa jeunesse. Après avoir raconté son enfance dans Partir avant le jour, puis les années de guerre d'un jeune, trop jeune, engagé volontaire (Mille chemins ouverts), voici l'adolescence qui se termine à l'Université de Virginie, où il est venu passer trois ans. C'est pour lui le paradis ; mais il découvre le terrible pouvoir du visage humain, dans cette ville dont la jeunesse est le prince.
Pour aller des salles de cours à sa petite chambre, il lui faut longer la longue colonnade grecque construite par Jefferson et passer devant la porte de celui à qui il a donné toute la force de son premier amour. C'est le décor de cette tragédie de l'adolescence où le caeur ne sait pas comment échapper à la cage du corps.
Le jeune étudiant connaîtra aussi l'Amérique sudiste dont parlait sa nie, rue de Passy, l'Amérique de ses parents qui a refusé la défaite et qui vit dans le souvenir de ses splendeurs. La guerre de Sécession n'a rien aboli : Savannah, Charlottesville, la Virginie, ce sont toujours de vastes demeures aux colonnes blanches, des avenues nie brique rose, les ombrages des sycomores et des magnolias,. et cette mousse espagnole que le vent fait bouger comme des soupirs...
Le drame du silence dans le coeur du jeune Julien rejoindra celui du pays resté intact dans le souvenir, malgré l'invasion du Nord et l'horrible Reconstruction. Ainsi la Terre lointaine, c'est à la fois cet amour inavoué, ce pays perdu qui sera celui de Faulkner, et pour l'écrivain qui en a gardé tous les charmes, avec une franchise inégalée, sa jeunesse inaccessible et toujours vivante.
Source : Le Livre de Poche, LGF