Mon livre surprise
Oeuvre sur l'eau
Erri De Luca est né à Naples en 1950. Il s’est établi depuis une dizaine d’années dans la campagne romaine. Un lieu spartiate, une ancienne étable qu’il a aménagée. C’est là qu’il a écrit la dizaine de livres – traduits en français – qui l’ont rendu célèbre. Son parcours mérite qu’on y prête attention. En 1968, Erri De Luca a dix-huit ans. Il rompt avec sa famille, sa classe – la bonne bourgeoisie – et s’engage dans l’action politique (l’organisation gauchiste «Lotta continua»). 1976 : Erri De Luca renonce au militantisme outrancier et devient, pendant vingt ans, ouvrier ; passe d’usines en chantiers. Il travaillera notamment à Paris à la construction du périphérique comme manœuvre. Ce sont les livres qui l’ont accompagné pendant toute cette période, qui lui ont permis de tenir debout, lui ont ôté le poids de sa fatigue après ses journées de travail. Parmi eux : la Bible, lue chaque matin, depuis 1983, dès cinq heures et demie. Pour mieux la lire, il a appris l’hébreu et le yiddish, de la même façon qu’il apprendra plus tard le russe pour lire Maïakovski, puis le français, l’anglais, l’espagnol, l’allemand, des dialectes africains… Il reste que, de récit en roman, c’est sa langue qu’il parle en parlant de lui, de ses souvenirs, de ses émotions, de ses gestes… On savait qu’Erri De Luca écrivait des poèmes ; pour la première fois, il a accepté de les publier, l’édition française précédant l’italienne. Ce premier recueil, Oeuvre sur l’eau, reprend certains des thèmes qui hantent ses proses, dans une méditation au fil de l’eau, à voix plus basse, mais qui ne perd rien de son intensité en assignant à la poésie la plus haute vérité de parole. Erri De Luca publie simultanément un roman, Montedidio, chez Gallimard.