Une histoire à la fois émouvante et pleine de fantaisie, entre une mamie pas comme les autres et sa petite-fille. Un ton proche du monde d’Amélie Poulain. Elle, c’est Mamie, mais on l’appelle Grande Mère. Elle a 72 ans ; elle vit chez son fils. L’autre, c’est Alice Zanni, elle a 9 ans ; elle vit chez ses parents, avec Grande Mère, qu’elle adore. Il faut dire que ce n’est pas une mamie comme les autres : elle chaparde les narcisses au jardin public, elle sort des magasins sans payer, elle quitte la maison en enjambant le balcon. Comme disent les parents d’Alice, elle n’a plus toute sa tête, et ça ne peut plus durer comme ça : il faut qu’elle aille en maison de retraite. Alice, qui surprend les projets de ses parents, ne veut pas en entendre parler. C’est décidé, elle partira, avec Grande Mère. Un dimanche matin, les deux fuyardes s’échappent. Grande Mère s’imagine partir en Afrique, pour aller soigner les enfants. Alice ne la détrompe pas. Les voilà parties, bras dessus bras dessous, à la découverte du petit monde du quartier. Et à chaque rencontre, la douce folie de Grande Mère opère des miracles : un vieux couple se redécouvre, des amoureux se dévoilent, un solitaire retrouve goût à la vie, un vieux ronchon s’attendrit, etc. Bien sûr, elles n’iront pas bien loin, et les gendarmes auront tôt fait de les ramener à la maison. Mais Alice aura connu une véritable aventure initiatique, au coin de la rue. Ce texte plein de poésie, qui rappelle étrangement le monde d’Amélie Poulain, est un pur moment de bonheur. Cette mamie carrément gaga parvient à emporter tous ceux qu’elle croise dans son monde. Car elle perd peut-être la tête mais elle a gardé toutes ses facultés d’observation. Ce qu’elle a perdu en raison, elle l’a gagné en sensibilité, et elle en fait profiter le monde entier. Marc Cantin renouvelle ainsi avec une infinie tendresse un thème classique : les plus fous ne sont pas forcément ceux que l’on croit.