Mon livre surprise
Lettre ouverte aux Terriens
Extrait du prologue
Cette lettre ouverte n'a que peu de rapports avec une lettre d'amour.
Autant avouer, au contraire, que je l'ai voulue hargneuse, injuste, injurieuse, sectaire, arbitraire, donc délibérément partiale.
Mais sincère aussi, puisque le ton de cette lettre me coûtera cher en lecteurs. Je suis conscient que, pour plaire et séduire, il faut flatter l'homme, le rassurer, le sécuriser,
le déodorer, l'adorer. Me voilà loin du compte. Les comptes s'en ressentiront. On me reprochera aussi, c'est certain, de ne jamais me mettre personnellement en cause dans
cette lettre ouverte. On croira que je me considère comme l'eÎption, le seul Terrien exemplaire. Rien de plus faux. Je pense le plus grand mal de moi puisque je suis né,
comme les autres, sur cette planète. Mais, en effet, je ne parle pas de mon nombril dans cette histoire. Ce n'est pas une autobiographie.
On me dira sans nul doute : « Comment peut-on prétendre juger en vrac le genre humain, le Terrien au jugé alors qu'il y a des milliards de Terriens, souvent dissemblables, diversifiés, contrastés ? » C'est vrai. Et dans la masse grouillante des terreux terrés dans leur connerie, leur folie ou leur inertie, il y a des eÎptions, des êtres d'eÎption. Mais si peu qu'en parler m'a paru assez inutile. Ce n'est pas parce qu'il est revenu des camps de la mort un déporté sur vingt mille que l'on a pu considérer ces antichambres de l'enfer comme des colonies de vacances ou des homes de repos.