Mon livre surprise
Les Icônes païennes
PRÉSENTATION
« Toutes périodes confondues, tous sujets mélangés, indépendamment des thématiques traitées depuis trente cinq années, Ernest-Pignon Ernest travaille une seule question : le corps. Avant le discours, indépendamment du propos, sans considération aucune pour la démarche intellectuelle, le corps tient toute la place. Non pas en idéal tracé en regard des chiffres et du nombre pythagoricien, ni en relation avec la chair désincarnée des platoniciens sauvée parce que travaillée par l'infime lueur de l'âme, non plus la chair glorieuse de la patrologie qui invente une antimatière pour raconter cette chair spirituelle qui déclenche le rire des Grecs quand Paul de Tarse débite ses sornettes sur l'agora athénienne, non, mais le corps réel, concret, incarné, le corps dont les traits, les volumes, les formes racontent une odyssée existentielle personnelle.
Les corps exhibés, mêmes blessés, restent aimés par l'artiste, comme ce qui reste quand tout s'effondre, que le nihilisme triomphe, que les idéaux fument dans des brasiers encore allumés par le xxe siècle et que, se retournant frénétiquement dans un univers vide de dieux et transformé en désert par les hommes, le dernier d'entre eux questionne le silence, puis demande : que nous reste-t-il ? Sur quoi bâtir et construire encore, malgré tout ? Quelles certitudes demeurent alors que les ruines envahissent les villes, que le chaos prend possession de ce qui résiste encore ? Le spectacle de leur désarroi le contraint à conclure qu'un unique point fixe demeure dont on ne puisse douter : le corps. Ce corps qui désespère et qui, tombant dans les abîmes et touchant le fond, expérimente sa matérialité, sa vérité, sa consistance et suppose dès lors la possibilité d'un salut sans dieux. »
M. O.