Mon livre surprise
Les Héroïdes
Qu’il soit partagé ou non, l’amour que dépeignent ces missives imaginaires des grandes héroïnes de la mythologie n’est en aucun cas un jeu badin ou superficiel : il engage l’être jusqu’à la mort. Les amoureuses qui se savent adorées en retour ne trouvent de sens à l’existence qu’auprès de leur amant ; ainsi, la séparation est insurmontable à Pénélope ou Hermione. Quant aux femmes délaissées, trahies, abandonnées, toutes victimes de l’inconstance masculine, elles sombrent dans le désespoir le plus profond et passent de la soumission à la révolte, des menaces aux supplications : elles sont Phyllis, Ariane, Médée…
Avec ces lettres d’amour en forme de monologues tragiques initialement parues dans l’ouvrage “Lettres d’amour, lettres d’exil” (coll. “Thesaurus”, 2006) pour lequel Danièle Robert – écrivain et traductrice d’Ovide, Catulle, Paul Auster, Guido Cavalcanti et Dante – a obtenu le prix Jules Janin de l’Académie française, Ovide explore la perte et l’exil. Il est loin de se douter, lorsqu’il compose cette œuvre de jeunesse, qu’il éprouvera lui-même ces sentiments à la fin de ses jours dans le lieu le plus reculé de l’Empire romain. Et pourtant tout est là, déjà ; dans ces cris de désespoir, dans ces efforts déployés pour fléchir le destin résonnent l’absolu et le vertige du manque.