Mon livre surprise
L'été de la honte
Couverture ill.D'1 photog.N.et.B. De l'auteur. Traduit du serbe par Jean Descat.
« Mais les villageois n'étaient pas naïfs : la peur grandissait dans leurs coeurs. C'est alors que le bâtard, qui sautillait sans cesse autour de lui, colporta la nouvelle qu'Isaac cherchait une odeur et ne parvenait pas à la trouver. Sans perdre de temps, les villageois se mirent à courir les champs et les étables, flairant le sol, les fleurs, l'air et les pierres. Ils se penchaient au-dessus des haies, grattaient les racines, se glissaient dans le foin. Puis ils commencèrent à lui apporter des pommes pourries, des pommes de terre frites, du basilic, M. de l'absinthe, des chiffons brûlés, de l'hydromel, dans l'espoir qu'en humant tout cela la mémoire lui reviendrait. Il hochait la tête : tout était vain. Ils comprirent alors, désespérés, que tout espoir était perdu, car ils n'avaient pas d'autre moyen de se mettre en valeur et de gagner son amitié. » Radiographie sans pitié d'une communauté déchirée par la bêtise, l'envie, la couardise, dont parfois le prêtre, un étonnant ennemi de Dieu, dresse le portrait prophétique. L'action se déroule dans un village de montagne où les plantes et la poussière ont leurs odeurs, sur une terre abandonnée par l'amour.