Mon livre surprise

Impressions d'audience : Le procès de Pétain

Leon Werth

Impressions d'audience : Le procès de Pétain
154 pages
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Popularité du livre : faible
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Le procès du Maréchal Philippe Pétain se déroula du 23 juillet au 15 août 1945: il avait 89 ans.

La Haute cour de Justice le condamna à la peine de mort, à l'indignité nationale et à la confiscation de ses biens. Cependant, elle émit le voeu que la sentence ne soit pas exécutée en raison du grand âge du condamné. Le 17 août 1945, le général de Gaulle, président du gouvernement provisoire, commua la peine de mort en détention à perpétuité au fort du Portal et puis à l'Ile d'Yeu où Pétain mourut en 1951.

En 1945, Léon Werth (1878-1955), fut l'envoyé spécial de la revue Résistance (journal créé à Paris à la fin de l'année 1942 par Jacques Destrée, chef du "mouvement d'opposition au régime de Vichy et au nazisme",) pour couvrir ce procès, aux côtés d'autres journalistes tels Joseph Kessel pour France-Soir, Jean Schlumberger pour Le Figaro, Jules Roy, etc.). Ses chroniques quotidiennes portent bien leur nom : « Impressions d'audience ».

Elles n' ont rien du compte rendu scrupuleux. Les éditions Viviane Hamy les ont rassemblées en un volume inédit en mai 1995. Distancié, comme toujours, Werth observe. Il dresse les portraits des acteurs de cette « mascarade », les avocats, le procureur, Laval, Darnand, Weygand, Daladier, etc. avec une ironie cinglante, et en premier lieu celui de Pétain, « présent absent », « ce contumace par le silence » ...

La concision du style lui permet, en une seule phrase, de rendre palpable le ridicule suscité par le décalage qui se creuse entre l'attente des 28 jurés (14 parlementaires, 14 résistants) et l'opinion publique, la superficialité des débats qui ne mettent jamais en cause la responsabilité politique et meurtrière de l'accusé.

Le véritable procès n'a finalement pas eu lieu. Werth termine sur ces deux phrases sans appel : « En ce tribunal de limbes, des événements appauvris, vidés de leur substance, s'assemblaient au hasard, comme une mauvaise copie de bachot.

Le maréchal réel et le maréchal de légende devenaient indistincts, comme une photographie qui s'efface, mangée par la lumière

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