Mon livre surprise
Eau lourde et autres nouvelles
La réputation d'enfant terrible de la littérature anglaise de Martin Amis ne peut que se trouver confirmée par la publication de ce recueil de nouvelles.
D'abord parce qu'il s'agit de textes pour la plupart récents où l'auteur pousse parfois la fantaisie jusqu'à l'adoption d'une écriture expérimentale un peu déroutante comme dans "Ce qui m'est arrivé pendant mes vacances" ; un enfant y évoque dans un langage bien à lui sa première approche de la mort :"Mhais pidêtre zerait-il mieux de dire: phad'bhanig ! Je ne zouvre bhas de légions zérégrales-ni même d'hémorroïtes. Et je peux égrire mieux k'sa quand j'veux. Maus j'veux bas."
Mais surtout, l'auteur applique son regard satirique à un domaine prometteur : l'évolution des rapports entre les sexes dans une société contemporaine ou légèrement futuriste. Ainsi, dans "L'envers du placard", on assiste dans le New York d'après-demain à l'éclosion timide d'un mouvement de libération hétérosexuelle à contre-courant d'un univers où l'homosexualité est la norme.
Dans "Combien de fois", c'est un comptable qui, par déformation professionnelle, entreprend de mettre en courbes ses performances sexuelles et découvre, sur le tard, le vertige frénétique de la masturbation.
L'eau lourde de Martin Amis est pétillante comme du champagne sans se départir pour autant d'un humour typiquement britannique. --Gérard Meudal