Mon livre surprise
Doisneau 40/44
Il y a bien des manières de donner à voir «les Années Noires». Celle de Robert Doisneau évite le pathos, parle simplement du grand vide de l'Occupation, de la vie quotidienne : rues sans automobiles, pénuries généralisées, étalages déserts remplis seulement du maître-mot de Vichy : «Factice». Sensible au cocasse jusque dans les situations les plus pénibles, l'œil de Doisneau repère les astuces et les incongruités du système D : un homme transforme son poêle en clapier, une parisienne fait prendre l'air à sa poule dans un jardin public. S'il décrit l'héroïsme, Doisneau montre des typographes résistants ; l'amie de Vercors, Yvonne Paraf, dite Desvignes, brochant le premier exemplaire du Silence de la mer dans sa cuisine ; les multiples combattants anonymes de la Libération. Pour la plupart inédites, ces photographies en disent long sur ce moment dramatique de l'histoire.