Compilation non exhaustive des aventures du robot cynique prépubliées dans la regrettée revue éponyme, « Monsieur Ferraille » s'avère une majestueuse opération de détournement et de sabordage de tout ce que le neuvième art a pu produire comme clichés depuis les années 30. Experts et faussaires, Winshluss et Cizo malmènent le genre. « Des Histoires de l'oncle Paul » à l'univers de Walt Disney en passant par les comics américains et le constructivisme russe, le duo se délecte ainsi à revisiter l'histoire du medium et l'Histoire avec un grand H dans « La fabuleuse épopée commerciale de Monsieur Ferraille ». Ils y narrent avec jubilation les aventures des créateurs de l'anti-héros de métal : durant la seconde guerre mondiale, Walt et Gonzo, deux artistes de bande dessinée à la souplesse idéologique légendaire s'efforcent d'adapter leur art aux exigences de propagande de leurs différents commanditaires ; administration vichyste, soviets zélés et même le führer... Corrosif et jouissif, « Monsieur Ferraille » est un coup de boule salvateur dans les poncifs de la bande dessinée populaire. Pour cette réédition, les Requins marteaux offrent enfin un écrin digne de ce nom à ce petit bijou de l'humour grinçant.

Les auteurs : Vincent Paronnaud, alias Winshluss, né à l'aube des années 70 à La Rochelle, est une figure de la bande dessinée underground. Sa vision humoristique noire et décalée, son goût pour l'immoralité et le détournement des mythes et des clichés de la société en font un auteur marginal et sensible, définitivement provocateur. Ses nominations au Festival d'Angoulême en 2004 avec « Smart Monkey » et en 2007 avec « Wizz et Buzz » (avec Cizo) le font connaître d'un plus grand public. En parallèle, il a démarré une carrière dans l'animation et le cinéma avec notamment « Persépolis » (signé de son vrai nom Vincent Parronnaud et co-réalisé avec Marjane Satrapi). Il est l'auteur de « Pinocchio », paru en novembre. Cizo débute sa carrière dans le début des années 90 dans des fanzines. Entièrement autodidacte, il crée des bandes dessinées à partir de pictogrammes, de schémas ou de planches préexistantes ; il manie alors la photocopie, les découpages et les collages, ce qui lui vaut le pseudo de Cizo. Il collabore à la revue « Ferraille Illustré », où il mêle son graphisme aux dessins de Winshluss. Peu à peu, ils deviennent avec F© les directeurs artistiques de la revue, dont la maquette devient de plus en plus prestigieuse.